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EVERYTHING IS 

A REMIX

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Everything is a remix. C'est ce que dit  Kirby Ferguson  dans son TED Talk de 2012. Pour signifier que ce que nous pensons être de la pure créativité n'est qu'une compilation de choses déjà entendues, vues ou ressenties. La raison étant que notre inspiration ne peut pas venir de l'intérieur car nous ne nous sommes pas construits seuls mais au contact les uns des autres. Admettre qu'il ne s'agit pas de médiocrité est une libération et une incitation à passer à l'action.
Avec un peu de recul, je ne suis pas loin de penser que c'est bien le cas, au moins pour le commun des mortels qui comme moi, ne serait ni un génie, ni un explorateur. Pour ce qui me concerne, ce sont les auteurs et la lecture qui ont agi en tant  que ferment (plus que la musique par exemple) et c'est ce qui a motivé la plupart des voyages que j'ai effectués en tant qu'adulte. Mes lectures ont façonné mon imaginaire et pour une raison que j'ignore, ont fait naître un besoin de vérification sur le terrain. Au point où je suis partie à la recherche d'atmosphères beaucoup plus que de lieux. Atmosphères que j'ai humblement essayé de retranscrire au travers de photographies. Un peu comme si j'avais toujours marché dans les traces imaginaires ou réelles de mes auteurs favoris.
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J'en veux pour témoignage cette histoire, sans doute une succession de coïncidences mais néanmoins troublantes, enfin pour moi. J'étais à Chicago, en visite au musée d'art contemporain et comme à mon habitude, j'ai passé plus de temps à la librairie du musée qu'au musée lui-même. J'en suis repartie avec deux sacs de livres de photographies, sacs que j'ai traînés toute la journée en me maudissant. Ces livres étaient sous protection plastique que je n'ai pas défaites car je préfère garder le déballage des achats et le développement des photographies pour la fin des voyages, on se console comme on peut. J'étais donc au début d'un périple qui devait m'emmener dans l'état du South Dakota où j'avais prévu de rayonner dans la région de la Grande Prairie et des Badlands qui concentre une grande partie des lieux mythiques de l'histoire de la Conquête de l'Ouest. Je me suis posée à Rapid City, ville qui n'a de caractère que d'être au centre de la carte routière. Motel un peu glauque, ville déserte le soir, mon ordinateur et les livres emportés à la hâte avant de partir allaient être mes seuls compagnons de voyage. J'ai découvert avec surprise que l'un des ouvrages attrapés sur l'étagère-des-livres-pas-encore-lus était un carnet de route partant de Chicago jusqu'à l'état du Montana en passant par le South Dakota. Dévorée par la curiosité, je l'ai lu en quelques heures le soir-même. J'ai vérifié les lieux du livre sur la carte et ils étaient bien réels. J'ai donc décidé de modifier quelque peu mes plans et de coller mon itinéraire à celui du récit ce qui m'a conduit à emprunter des routes secondaires et des pistes, improbable avant la lecture de ce carnet de route. On pouvait difficilement être plus dans les traces d'un auteur. Après quelques heures de route, je suis arrivée comme prévu à Interior, ville tout aussi improbable, quelques bâtiments préfabriqués dont une prison, une pompe à essence posée à même le sol et une église. J'avais sous les yeux l'univers photographique de Stephen Shore immortalisé lors de son roadtrip trans américain des années 70. J'ai pris quelques clichés dont celui de l'église et je suis repartie rapidement car je sentais que ça n'était pas le genre d'endroit où il fallait que je m'attarde. 
De retour à Paris, j'ai enfin déballé les livres de photographies achetés à Chicago. L'église d'Interior. Michael Eastman, Vanishing America. 
Peu de temps après, je trouve dans une galerie une photographie de Stephen Shore prise dans les Badlands. Elle est accrochée dans mon salon, plus qu'une photo, un symbole. 
Everything is a remix.
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